Blog / 2012 / Les Stupides

Assez souvent, j’attrape une maladie que j’appelle “les stupides.”

Ça commence: mes choix esthétiques me semblent soudainement complètement idiots. Chaque coup de pinceau me rapelle que je ne suis pas faite pour être peintre, et puis ce sentiment envahit tous les aspects de ma pratique artistique—ce que je pense de mes tableaux individuels ainsi que des collections d’œuvres que j’envisage créer. Mon blog n’est plus qu’une estrade pour du blablabla inutile, et pareil pour le reste de mon site. Tout ce qui me vient à la tête et tout ce qui sort de ma bouche est stupide, et, moi aussi, je le suis.

Je ne suis pas le seul artiste à être affligé par cette maladie, ni la seule personne d’ailleurs. Et même s’il est difficile de voir plus loin quand je suis en plein “stupides” j’essaie de me rappeler que douter ses talents et ses capacités fait partie de prendre des risques.

Enfant, j’ai adoré l’école. Ceci dit, je me souviens en fin d’année CE2 j’étais terrifiée par l’idée de tous les devoirs que j’aurais en CM1. J’avais tellement peur que j’ai pleuré. Je m’attendais à ne pas être suffisamment intelligente pour faire le travail. Bien sûr, en fin d’année CM1, la comédie s’est répétée.

Peu importe combien de fois j’ai pu passer à l’année suivante, j’étais certaine que je ne serais pas capable de gérer mes nouvelles responsabilités. Mais je l’ai toujours fait, de CE2 jusqu’à mon diplôme.

Être artiste est difficile. Chaque fois que j’expose mon art—que ce soit en personne ou sur internet—je communique au monde que ce que j’ai créé vaut la peine d’être regardé. Il faut beaucoup de courage pour faire ça, pour croire que mon art aura de l’importance pour d’autres personnes.

Et accepter que “les stupides” vont m’avoir de temps en temps fait partie du boulot de l’artiste. Quand cela arrive, je n’ai qu’à me souvenir de la petite fille de huit ans écrasée par les pressions scolaires de CE2. C’est comme ça je retrouve mon sourire.