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amérindienne
Gwenn Seemel
Le Premier Américain (Amérindienne, Christine)
2008
acrylique sur toile à sac
89 centimètres de diamètre

George Washington est le personnage de l’histoire américain que ce portrait allégorique représente. Le premier président des États-Unis, on pourrait dire que Washington est le premier américain mais seulement si on ne fait pas attention à la population américaine qui existait avant l’arrivée des colons.

Cette peinture est plus qu’une femme amérindienne habillé comme George Washington. Pour moi, elle est une expression de la confiance nécessaire entre portraitiste et sujet. C’est ce qui fait du portrait un genre tellement important.

Pour la plupart des portraits dans Apple Pie, les sujets avaient plus à dire sur quel personnage de l’histoire américaine ferait partie de leur portrait, mais, avant même de rencontrer Christine, je savais ce que je voulais faire avec son portrait pour cette série. Et, tandis que je ne l’aurais jamais remixé avec quelqu’un qui représente l’ennemi ultime des amérindiens sans sa permission, je suis heureuse qu’elle ait accepté et je suis très touchée par sa confiance en moi.

Ci-dessous trouvez la réponse du sujet à la question: qu’est-ce que cela signifie d’être un américain?

Être amérindienne

L’Amérique est un état, mais je suis un état d’être. Je suis née ici et j’ai grandi ici. Je trouve qu’“être” américaine veut dire résider dans les identités américaines et européennes. Être, pour beaucoup d’Américains, veut dire appartenir à un certain endroit. Pour une personne de la tribu des Cowlitz dont je fais partie, ce sentiment de localité est très vulnérable. Le critique Arjun Appadurai soutient que la localité est toujours vulnérable, et non pas seulement parce qu’il “est agressé dans les sociétés modernes,” mais parce qu’il est intrinsèquement fragile, même dans “l’espace le plus intime et isolé, la localité doit être maintenue avec soin contre divers types de difficultés.” En Amérique, la terre est réglementée. Pour tout le monde et certainement pour mes ancêtres autochtones, les catégories de la réglementation imposées par les revendications territoriales sont une violence à négocier mais non pas à évitée. Ce n’est que par la force que les lignes sont dessinées sur nos vie.

Rose, mon arrière grand-mère Cowlitz, a été élevée dans le sud-ouest de l’état de Washington à l’époque du grand afflux de colons européens. Elle a traité les étrangers qui vivaient à côté d’elle comme des bienvenus, mais elle n’a jamais supporté les catégories artificielles de la propriété foncière que les étrangers imposaient. Elle a plutôt choisi de faire valoir ses propres règles et “récits de voyage” à travers les lignes des cartes. Elle a marché à grands pas les rivières, nagé les chemins, et cueuillis les fougères de la forêt pour gagner sa vie. Elle parlait des langues qui, elles aussi, voyageaient à travers les lignes des cartes.

Comme mon arrière grand-mère Rose, je trouve les règles de l’état (et donc de l’Amérique) ne sont souvent pas en accord avec ma compréhension des droit de l’inhabitance sur la terre. Je refuse les catégories qui confondent et escomptent mon expérience et donc, comme mon arrière grand-mère l’a fait, je continue de prospérer sur les terres et d’accueillir de nouveaux étrangers qui habiteront ici.

Même si j’évite l’environmentalisme romantique et spirituelle qui est si souvent associé aux améindiens, je pense que la manière dont on comprend sa relation à la terre est aussi valable que les lois. Ceux d’entre nous qui aiment cette terre se promènent dans la forêt profonde et pataugent dans les rivières ancestrales; quand nous le faisons, nous nous souvenons et nous imaginons qui nous étions, et nous agissons en conséquence.

- Christine

portrait peint en acrylique
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