Blog / 2019 / Les Liens entre le Choix, la Liberté, et la Vie Privée
13 février 2019
Les gourous du développement personnel vous diront qu’il s’agit d’une des clés de la santé mentale, et c’est vrai que le changement d’attitude peut être puissant. Au lieu de penser aux tâches comme quelque chose que vous devez faire, abordez-les comme quelque chose que vous choisissez de faire. Vous n’êtes plus encadré par l’obligation; vous êtes libéré par le choix!
L’idée d’avoir un choix nous interpelle pour une raison: elle implique la liberté. Après tout, vous ne pouvez vraiment choisir un chemin que si vous êtes également libre de choisir un autre.
Le problème: dans le monde actuel, nous ne sommes souvent pas libres de choisir, mais uniquement “libres de choisir” au sens des gourous. Et ces circonstances existent au moins en partie parce que nous n’avons pas protégé notre droit à une vie privée.
À quand remonte la dernière fois que vous avez lu les Termes et Conditions pour un appareil ou une plate-forme avant de les signer? Auriez-vous abandonné la possibilité d’utiliser le gadget ou le service si vous aviez lu le contrat? Pouvez-vous? Êtes-vous capable de fonctionner dans la société sans signer un certain nombre de ces contrats? Soyons francs: nous ne pouvons plus choisir que partager avec les entreprises ou le gouvernement.
Nous sommes observés, et, peu importe à quoi servent nos données, le fait d’être observés et de savoir que nous sommes observés modifie notre comportement.
Si vous ne pouvez jamais exclure complètement le monde et mâcher la bouche ouverte, danser comme un fou, ou avoir des relations sexuelles entre adultes consentants et communicatifs, peu importe ce que le grand public pense de vos préférences, vous n’êtes pas libre. La vie privée est essentielle à la liberté et, par extension, au choix.
C’était en 2008 quand j’ai commencé à m’inquiéter sur ce sujet. Je regardais tout ce que les entreprises pouvaient accomplir en mettant à profit le droit d’auteur, les marques de commerce, et les brevets, et j’avais vite compris comment leur contrôle de la technologie empiétait sur notre vie privée.
Quelques années plus tard, Edward Snowden a confirmé nos pires craintes concernant le gouvernement et les entreprises travaillant ensemble pour nous espionner, et mon activisme anti-copyright m’a conduit à Richard Stallman.
Avant que quiconque ne prête son attention, Richard a compris que si le logiciel était propriétaire—si les entreprises possédaient le code qui faisait marcher votre ordinateur et s’ils vous empêchaient de bricoler avec les outils pour les rendre plus adaptés à vos besoins—les ordinateurs allaient perdre quelque chose de vital. Il a fondé la Free Software Foundation, devenant l’une des inspirations du mouvement de la culture libre.
Au fil des ans, Richard et moi sommes devenus amis. Quand j’ai peint son portrait, je savais que je ne ferais pas une vidéo de son processus, comme je le fais d’habitude avec mon art, car la façon dont je distribue mes vidéos—sur des plates-formes telles que Vimeo, YouTube, et Facebook—utilise un logiciel qui n’est pas libre.
Réaliser ce GIF animé du processus de peinture est un petit ajustement que j’ai fait pour rendre hommage au travail de Richard, mais il en fait de plus en plus grands tout le temps. Par exemple, il paie autant que possible en espèces pour que les banques, les cartes de crédit, et tout autre groupe impliqué dans une transaction ne puissent pas traquer ses achats, vendre ses données, et mieux cibler la population avec leur marketing. De plus, sa décision de payer en espèces le permet d’éviter une certaine surveillance, tout comme sa décision de ne pas posséder un téléphone portable.
Aller sans carte à puce et sans mobile n’est pas pratique, mais ça protège sa vie privée ainsi que sa liberté et, par extension, la nôtre aussi. Chaque fois que je croise l’un de ses protocoles de protection de la vie privée, je me souviens de toutes les façons dont je contribue à notre oppression.
Il est facile de s’en passer, marginalisant Richard et sa cause. Il est facile de se dire que, si on ne fait rien de mal, on ne doit pas se soucier de ce que le gouvernement et les entreprises espionnent. Il est également facile de se boucher les oreilles et ignorer le soupir étouffé d’une démocratie quand elle meurt, un processus décrit dans cet article par un expert en protection de la vie privée.
“Privé” n’est pas automatiquement synonyme de “villain.” Souvent, “privé” veut dire mettre les doigts dans le nez. Il n’y a rien de mal à le faire, surtout si vous avez la politesse (et le droit) de le faire en privé (de sorte que même la récolte obsessive des mégadonnées que fait la NSA ne puisse pas enregistrer votre compte de crottes).
Ne faites pas comme les gourous du développement personnel: ne “choisissez” pas de vous soucier de la vie privée. Saisissez ici et maintenant que vous devez vous en soucier, car, si vous l’ignorez, vous ne serez plus jamais assez libre pour choisir quoi que ce soit.
MISE À JOUR
12 novembre 2020
J’ai enfin supprimé mes comptes Facebook et Instagram, et je réjouis de ce pas vers liberté!
Peut-être que ce billet de blog te fait penser à quelque chose? Ou tu as une question à me poser? Je serais ravie de recevoir un petit bonjour de ta part!
Abonne-toi à ma liste de diffusion spéciale pour recevoir un email chaque fois que je publie un nouvel article.
Si tu as apprécié ce billet de blog, Ko-fi te permet de faire un don. Chaque dollar vaut un milliard pour moi!