Blog / 2021 / Riva Lehrer et l’Intensité du Vrai Portrait
17 juin 2021
Ne compliquez pas les choses inutilement: un portrait n’est qu’une image de l’extérieur d’une personne.
Tel était le message de mon début de carrière, vanté d’abord par un professeur de peinture qui m’a encouragé à penser au visage et au corps du modèle comme des objets à documenter de manière superficielle. Plus tard, cette version du portrait serait défendue par certains clients qui adoraient mon style mais ne pouvaient pas supporter l’idée que j’essaie de révéler quelque chose de leur vie intérieure avec mes peintures.
Et puis il y avait mon amie Paula. Elle pouvait voir que ma façon obsessive de peindre des portraits—à l’époque je peignais rien d’autre—nuisait à ma santé mentale. Elle m’a encouragé à voir les gens simplement comme une source d’inspiration au lieu de les reconnaître comme collaborateurs. Mais, pour moi, les sujets devaient être vus comme les artistes de leur propre vie, qui m’ont ensuite invité à peindre cette vie. C’est ça qui m’a toujours intéressé chez le portrait.
Donc, même si j’appréciais l’inquiétude de Paula et que je voyais bien qu’elle avait raison, il n’y avait rien à faire. Mes portraits devaient être une représentation de toutes les choses que les sujets aimaient le plus chez eux-même, peu importe à quel point il est impossible de créer ce genre d’image.
“Quand quelqu’un me laisse faire son portrait, c’est parce qu’il imagine qui je suis et à quoi il va ressembler à travers mes yeux. En même temps, j’imagine que je peux expliquer cette personne au monde. C’est une illusion partagée. Une folie à deux. Nous imaginons que je représente le sujet avec précision, même si, peu importe la précision et l’objectivité que j’essaie d’avoir, personne ne peut capturer la réalité d’un être humain. Un portrait n’est qu’un fragment.”
C’est une affirmation de lire l’autobiographie de Riva Lehrer, Golem Girl, même si je ne me vois pas dans tout ce qu’elle décrit. Ma pratique artistique a comme but que le sujet se sent vu et spécial plutôt que d’essayer de l’expliquer au monde. Pourtant, bien que nos motivations diffèrent, ça me plaît énormément de voir que Lehrer ne craigne pas les particularités inhérentes à la peinture d’une personne lorsqu’on se soucie de représenter plus que leur apparence.
Lehrer parle même de l’épuisement professionnel que mon amie Paula a remarqué pour la première fois en moi et que j’ai vécu par intermittence tout au long de ma carrière. C’est le sentiment d’être “débordée par le fret des autres—leur ego, leurs amours, et leur douleur—et fatiguée de nos petites négociations,” comme le dit Lehrer.
Sa réponse géniale à l’épuisement professionnel en 2011 a été de lancer une série intitulée The Risk Pictures, des portraits qui mettent l’accent sur la collaboration d’une toute nouvelle manière. Pour ces œuvres, elle a laissé les sujets seuls avec leur ressemblance et les a invités à faire leurs propres marques. Dans le cas du portrait d’Enke, par exemple, les petits personnages comme celui sur son genou ainsi que le voilier et la mante sur la brindille ont tous été la contribution du sujet.
J’ai travaillé avec mes sujets de manière intense au fil des ans, en les aidant à devenir des icônes et à s’exprimer, mais je suis impressionnée de voir à quel point Lehrer collabore ouvertement avec The Risk Pictures.
Je ne pense pas que je pourrais laisser quelqu’un d’autre toucher à mes peintures. Déjà j’ai du mal avec l’état actuel des choses: la pandémie m’a obligé à renoncer à ma règle de ne travailler qu’à partir de photos que je prends moi-même, comme avec ce tableau d’une maman et son fils.
C’est moi qui m’est addressée à cette paire l’année dernière alors que la prise de COVID se resserrait et j’ai compris que j’avais besoin de trouver un moyen de continuer à gagner de l’argent, même si cela signifiait renier l’une des premières promesses artistiques que je me suis jamais faites. La maman est une amie et je lui ai demandé si je pourrais peindre son fils, que je n’ai rencontré que par chat vidéo, afin d’apprendre à travailler à partir des photos d’autres personnes pour peindre un enfant.
En fin de compte, de toutes les photos que Claire m’a envoyées, le double portrait avait le plus de sens pour moi, et pas seulement parce qu’il me permettait de peindre à nouveau l’une de mes personnes préférées! La photo de référence pour cette œuvre a été prise par le mari de Claire, ce qui veut dire que ce tableau pourrait servir de portrait de tous les trois.
Je ne suis pas sûre de l’avenir du COVID, mais je sais que je ne suis pas prête à abandonner complètement les protocoles. Je ferai mes séances photo uniquement à l’extérieur pour le moment, tout en laissant ouverte la possibilité de m’engager pour peindre quelqu’un sans le rencontrer en personne. Au cours des quinze derniers mois, j’ai appris que travailler ainsi ne me stimule pas autant que photographier moi-même un sujet, mais le défi que cela représente est intéressant quand même!
Pour en savoir plus sur comment m’engager pour créer des œuvres d’art personnalisées pour vous, allez ici.
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