Blog / 2022 / Qui Réfléchit Trop

12 juillet 2022

[transcription]

La dernière fois qu’une œuvre d’art est sortie de moi avec cette rapidité, c’était en 2018 avec cette peinture politique.

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une rose épineuse et une rose à tige lisse avec une bulle de pensée épineuse, art surréaliste de Gwenn Seemel
Gwenn Seemel
Qui Réfléchit Trop
2022
acrylique sur bois
36 x 28 centimètres
TRANSCRIPTION

Qui Réfléchit Trop est le titre de cette œuvre, mais, en fait, c’est le contraire de ce que j’ai fait en créant cette peinture.

L’image a commencé avec un livre, Suicidaire de Jesse Bering, un psychologue évolutionniste. Je ne suis généralement pas fan de ce domaine d’étude, vu qu’il est dominé par des hommes qui pensent toujours en termes tragiquement victoriens lorsqu’il s’agit de démêler le “pourquoi” évolutionnaire de notre comportement. Je parle d’un raisonnement “homme égal puissant et déterminé à répandre sa semence” et “femme égal vaisseau de bébé.” J’avais vingt ans quand je suis tombée sur mon premier livre de psychologie évolutionniste, et il affirmait que les femmes artistes sont absurdes, car seuls les hommes ont besoin de se décorer de manières impressionnantes pour attirer des partenaires. Inutile de dire que cela me fatigue qu’un répandeur de semence aussi irrationnel puisse faire publier et largement diffuser sa chape anti-science.

Mais Jesse Bering est un autre type de psychologue évolutionniste. Il reconnaît l’intelligence de la théorie de l’évolution de Darwin sans rester coincé dans le contexte victorien du même. Et son livre Suicidaire tente d’expliquer un phénomène humain douloureux sans le catégoriser comme pathologie.

Le livre est intéressant et important pour toutes sortes de raisons, mais au début du texte, Bering fait référence à certaines pensées comme étant “épineuses” et l’image d’une bulle de pensée pointue a apparu dans ma tête. À partir de là, j’ai erré un peu, imaginant des compositions différentes et traquant les rosiers de mes voisins à la recherche d’inspiration, mais c’était un chemin plus ou moins direct vers l’image finale.

Mon art ne marche généralement pas de cette façon. Normalement, il y a beaucoup de conception et de reconception d’images à la fois dans ma tête et dans mes carnets de croquis, pour affiner tous les éléments encore et encore pour s’assurer que tout est parfait. Ça soulage quand une peinture me traverse ainsi avec une relative facilité, mais, bien sûr, cela n’empêche pas mon cerveau d’intervenir après le coup. Je me demande: cette œuvre, l’ai-je fait trop à la hâte? Est-ce tout ce que je voulais que ce soit?

En fait, j’ai parfois l’impression que ce n’est que lorsque je peins que mon esprit se calme. C’est probablement pourquoi je fais autant d’art.

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