Blog / 2024 / La Confiance d’une Mère

16 juillet 2024

Elle parlait de son enfant en utilisant ce mot: enfant. Elle n’a pas dit “fille” ou “fils.” Il n’y avait pas de langage familière comme “gamin” ou “môme.” Le seul autre terme qu’elle utilisait était “aîné” et elle faisait référence à son aîné avec les pronoms nonbinaires les plus communs en anglais: “they/them/their.”

C’était remarquable parce que cette mère était l’auteur d’un mémoire et, dans son livre, elle avait parlé de cet enfant somme sa fille. Pourtant, en regardant les visages tout autour de moi, j’étais presque sûre d’être la seule dans le club de lecture de ma bibliothèque à avoir remarqué son choix de mots. C’était un plaisir rare d’avoir cet écrivain local à la réunion où nous discuterions de son livre. J’avais été aussi contente que le reste des membres du club, mais lorsque les questions se sont tournées vers l’enfant de l’auteur—une personne qui venait de naître dans le texte et qui était maintenant ado—mon intérêt en tant que personne genderqueer s’est aiguisé.

Voilà une mère qui faisait le nécessaire pour reconnaître que son enfant était sa propre personne, ce qui n’est pas simple.

une fille dans un arbre
Gwenn Seemel
Queer Queen
2012
acrylique sur bois
25 x 25 centimètres
(C’est ici dans ma boutique que tu trouveras des impressions de cette image.)

Je pense qu’il est difficile pour beaucoup d’entre nous de donner aux personnes qui nous entourent la possibilité d’établir leur identité selon leurs propres idées. Nous avons tendance à voir les autres par rapport à nous-mêmes. Nous pourrions considérer un ami particulier, par exemple, non pas comme un individu complexe, mais plutôt comme celui qui nous aide à rire de nos faiblesses, qui nous fait sentir capables, ou qui fait ressortir un autre aspect de notre personnalité plus que quiconque.

Je sais qu’on a plein d’hypothèses à mon sujet en raison du fait que je suis artiste, et je sais que j’attribue parfois aussi des rôles restrictifs aux autres. Par exemple, en grandissant, j’ai attribué à mon frère le rôle de l’enfant qui était socialement adepte afin d’expliquer mon anxiété sociale. Pendant des années, je nous ai définis l’un contre l’autre. En fait, ce n’est que lorsque j’avais presque quarante ans et que j’ai vu mon frère se montrer réservé lors d’une célébration pour une pièce de théâtre qu’il avait mise en scène, que j’ai compris qu’il ne se sentait peut-être pas toujours à son aise dans des situations sociales non plus.

Nous voyons les autres à travers nos propres filtres, décidant qui ces gens peuvent être en fonction de qui nous sommes. Je suppose qu’il pourrait être encore plus difficile pour un parent d’abandonner l’idée qu’il se fait de son enfant. Et pourtant, voilà une mère qui reconnaissait l’identité de son enfant.

L’auteur n’a pas corrigé les membres du club de lecture lorsqu’ils lui ont posé des questions à propos de sa fille—après tout, ces personnes faisaient référence à l’enfant de la même manière que l’écrivain l’avait fait dans son livre. En même temps, l’auteur n’a pas hésité à parler de son aîné, et sa confiance dans le langage qu’elle utilisait pour désigner son enfant m’a apporté beaucoup de joie.


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