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TRANSCRIPTION

Je viens de terminer cet autoportrait. Il est petit. Il ne mesure que 18 centimètres sur 13. Mais l’image est puissante, dans le sens qu’elle a une certaine confiance en elle. C’est le premier autoportrait que j’ai fait depuis des années, et il se veut une réponse à ce tableau, qui est un peu plus grand, 120 centimètres sur 80, et que j’ai créé en 2004 pour me rappeler de la partie de moi-même qui se sent centrée et capable de tout.

À l’époque où je l’ai peint, je débutais en tant qu’artiste et j’utilisais encore un appareil photo à l’ancienne. Je prenais toujours des photos de moi pour terminer un rouleau de film afin de pouvoir l’envoyer pour développement, et c’est probablement de là que vient la photo de référence.

En 2024, le processus est un peu différent. Quand j’ai décidé de faire un autoportrait, j’ai commencé par filmer une vidéo de moi-même, puis la visionner et prendre des captures d’écran des moments qui m’intéressaient. Parmi ces captures d’écran, j’en ai choisi une qui me plaisait—celle qui me faisait penser au portrait de 2004—et c’était parti.

Le début du portrait est donc différent, mais le but est fondamentalement le même.

Dans mon journal intime en 2004, à l’époque où j’ai réalisé le premier tableau, je parlais beaucoup du fait que mes proches étaient déconnectés de leurs émotions—du moins de mon point de vue. J’étais frustrée qu’ils ne fassent que des choses à moitié. Ils faisaient des efforts à moitié et semblaient parler en moitié-vérités.

J’ai décrit le portrait de 2004 comme une sorte d’autoapaisement. J’ai écrit dans mon journal:

“L’image est héroïque dans toutes ses imperfections, et, en fait, le visage sans le regard a une certaine légèreté, mais ces yeux. Ils sont les miens. Et ils sont mes yeux dans ce que je considère comme mes meilleurs moments: quand je me sens prête à être rejetée.”

Ces mots datent de 2004, mais ils sonnent juste en 2024. Je n’ai jamais cessé d’avoir l’impression que mes proches et tout le monde pensent que je suis trop. J’ai envie que, un jour, cela ne me gène pas, et, au cours des vingt dernières années, c’est sûr que cela me gène de moins en moins, même si je n’arrive toujours pas à accepter complètement qui je suis. Peut-être que ce nouvel autoportrait m’aidera à aller jusqu’au bout.