Blog / 2022 / Quitter Instagram et Facebook: Le Point de Vue de 8 Artistes

9 février 2022

Dans cette vidéo, il y a des idées d’Anne de My Giant Strawberry, Jen McCleary, Kristen Sampson, Julia Bausenhardt, Nicole Cicak, Kelsey Rodriguez, et Sneha d’Essem Creatives. Elle est organizée en trois parties:

  1. Ce que cela veut dire “quitter.”
  2. Ce que tu laisses derrière quand tu quittes.
  3. Comment c’est de ne pas avoir Facebook ou Instagram.
[transcription]

Si tu veux en savoir plus sur comment j’organise mon carnet d’adresses, regarde cette vidéo. Je parle davantage du fait d’être traitée de “vendue” dans l’un de mes premiers billets de blog, et cette vidéo explique pourquoi les artistes ont besoin de tant de validation.

Anne de My Giant Strawberry
art d’Anne de My Giant Strawberry
Jen McCleary
art de Jen McCleary
Kristen Sampson
art de Kristen Sampson
Julia Bausenhardt
art de Julia Bausenhardt
Nicole Cicak
art de Nicole Cicak
Kelsey Rodriguez
art de Kelsey Rodriguez
Sneha de Essem Creatives
art de Sneha d’Essem Creatives
deux coyotes chantant des arcs-en-ciel, l’un avec un trou noir là où son cœur devrait être
Gwenn Seemel
Trou Noir de Tout Ce Qu’il Y A de Bien
2022
acrylique sur bois
36 x 28 centimètres
(Cette œuvre fait partie de Tout Va Bien.)
TRANSCRIPTION

Se retirer des médias sociaux peut sembler un rêve impossible pour les artistes, mais il y a au moins huit artistes qui le font—y compris moi—et on va expliquer un peu comment ça marche.

Tout d’abord, "quitter" signifie différentes choses pour différentes personnes.

Sur les huit d’entre nous, trois ont supprimé Facebook et Instagram, et nous ne sommes pas non plus très actives sur les autres plateformes. Anne de My Giant Strawberry, Jen McCleary, et moi n’avons plus rien à vous montrer pour le temps que nous avons passé à alimenter la machine de Zuckerberg—à l’exception de tout ce que nous avons publié que Meta possède à perpétuité et qui sera probablement utilisé de manière néfaste dans vingt ans. Mais, de notre point de vue, nous avons fait tout notre possible pour nous retirer.

Kristen Sampson a également annulé tout le Zuckervers—l’univers de Zuckerberg—mais elle utilise Pinterest de temps en temps car cela la rend toujours heureuse. Idem pour Julia Bausenhardt avec YouTube. Elle l’utilise pour partager son art et parfois pour apprendre de nouvelles choses, l’intérêt étant qu’elle a ingénieusement façonné YouTube en fonction de ses besoins. Julia utilise des modules externes qui suppriment la page d’accueil, les recommandations, et les pubs sur YouTube, ce qui en fait un site vide avec une barre de recherche.

Nicole Cicak se connecte à Insta chaque janvier pour faire un défi de trente jours, mais laisse tomber autrement. Kelsey Rodriguez a un Instagram, mais elle n’y publie pas souvent, utilisant YouTube comme principale présence en ligne. Et Sneha d’Essem Creatives est de retour sur Insta après une pause de quelques mois, car, même si sa rupture avec le Zuckervers n’a pas eu d’impact négatif sur le trafic sur son site, elle a estimé que certains de ses clients aimaient recevoir des mises à jour d’elle sur Instagram. Elle l’utilise principalement pour annoncer de nouveaux produits et, depuis sa pause, elle n’essaie plus de augmenter son public sur cette appli.

Tout comme quitter est différent pour différentes personnes, la raison pour laquelle quelqu’un quittera est individuelle. Cependant, parmi nous huit, il y avait certains thèmes. Par exemple, pour la plupart d’entre on avait vraiment envie de mieux nous concentrer, de cultiver notre créativité, de protéger notre santé mentale—des choses comme ça. Il y avait aussi le côté frustration par rapport à tout le temps qu’on investissait sur ses applis, et ça nous donnait pas grand chose pour tout ce temps. Et finalement, beaucoup d’entre nous avait aussi envie de nous retirer parce que Meta/Facebook/Instagram c’est une entreprise pas très saine.

Quelles que soient tes raisons pour quitter, comme le souligne Sneha d’Essem Creatives, faire une pause prolongée est souvent une étape essentielle pour comprendre ce que tu attends des médias sociaux.

Ce qui nous amène au territoire extrêmement important et souvent négligé de...

Qu’est-ce que les réseaux t’apportent réellement?

ou

Qu’est-ce que tu quittes quand tu quittes?

Facebook et Instagram t’offrent à la fois un espace portfolio et un espace pour se connecter. C’est un peu comme avoir une version toujours-ouverte de ton atelier et que cet atelier toujours-ouvert est dans un bâtiment où d’autres artistes ont aussi des versions toujours-ouvertes de leur studios et beaucoup d’autres personnes ont des versions toujours-disponibles d’eux-mêmes.

Lorsque tu envisages de t’éloigner du Zuckervers, la question devient: comment remplacer le portfolio et l’espace pour se connecter?

Déjà commençons par le portfolio. Avoir ton propre site pour ton art c’est la meilleure manière d’avoir une version toujours-ouverte de ton studio. Je sais que ça peut sembler écrasant, l’idée d’avoir à apprendre plein de choses techniques, mais je te rappelle qu’être sur Facebook et Instagram il y a toujours plein de choses techniques à apprendre parce que Monsieur Zuckerberg est toujours en train de changer toutes sortes de choses: reformatter les vidéos, je ne sais pas trop quoi, te pousser vers les profils professionnels. Et Jen McCleary raconte que cette promotion des profils professionnels c’est souvent la manière Meta de dire “tu dois payer pour des pubs pour qu’on montre ton art.”

Quand tu prends le temps d’apprendre comment créer ton propre site, c’est de l’apprentissage que tu peux amener partout avec toi. C’est pas comme dans le Zuckervers où il y a une personne qui peut faire des changements. Le code HTML, c’est quelque chose qui sera là, qui sera valable pendant des années. Il n’y aura jamais une personne qui pourra dire que c’est obsolète.

Et je dois dire aussi que Kristen Sampson n’avait pas de site avant de quitter Instagram. Alors que moi et ma personnalité de type A flippent à l’idée de faire le saut sans être sûr de l’endroit où on va atterrir, Kristen est la preuve que tout préparer à l’avance n’est pas strictement nécessaire. En fait, elle m’a rappelé que ce n’est même pas possible. Tu seras surpris par quelque chose quand tu quittes. La flexibilité est essentielle.

Et cela nous amène à la connexion—autrement dit le bâtiment dans lequel toutes les versions toujours-disponibles de tout le monde se trouvent.

Comment est-ce qu’on rencontre des gens quand on n’est pas dans le bâtiment? Eh bien, c’est bizarre de le dire, mais on le fait comme on l’a toujours fait. À travers des événements, des activités de groupe, des amis d’amis, et des conversations avec des inconnus. La différence c’est qu’il n’y a pas cette pression de “devenir ami” tout de suite comme sur Facebook et Instagram. Le lien se développe naturellement.

À ce que je peux voir la véritable utilité de Facebook et Instagram ce n’est pas dans les échanges qu’on a sur ces applis. C’est le fait que c’est comme une sorte de carnet d’adresses qui se met à jour automatique. On n’est pas obligé de suivre les mouvements, les mariages de nos amis. On regarde tout simplement leurs profils pour voir ce qui se passe. Donc, si tu va quitter Facebook et Instagram, tu vas devoir trouver une manière de gérer tout ça toi-même. Personnellement, j’ai un tableur avec des milliers d’adresses email, avec des notes sur mes liens avec ces personnes, avec tout ce qu’il me faut pour remplacer le Zuckervers.

Tu peux également envoyer des messages persos à certaines personnes pour dire “au revoir” avant que tu supprimes Facebook et Instagram. Jen McCleary et moi, nous l’avons fait et nous avons toutes les deux eu des résultats mixtes, on va dire. Quand tu invites quelqu’un de te retrouver hors appli, c’est du travail et ce n’est pas tout le monde qui va le faire. Pour ma part, j’étais contente d’avoir fait cet effort parce que comme ça je savias que j’avais fait tout pour rester en contact.

Et la vérité est qu’il y a beaucoup de réseautage hors réseau. Anne de My Giant Strawberry, par exemple, adore promouvoir des artistes sur son blog et dans sa newsletter. Et c’est mon expérience que beaucoup de gens ont envie de parler avec moi parce que je ne suis pas sur Instagram.

Au bas de mes articles de blog et sur ma page d’accueil ainsi que sur ma page de contact, où de nombreux artistes présentent des boutons des médias sociaux pour qu’on puisse les trouver dans le Zuckervers, moi j’ai deux icônes barrées: une pour Facebook et une pour Instagram. Lorsque tu cliques dessus, ils t’amènent à cette page de mon site, que je vois comme l’ultime invitation à se débarrasser de la superficialité des Meta-connexions et à avoir une véritable conversation avec moi.

Et n’oublie pas, comme le dit Nicole Cicak, cela n’a jamais été une question de nombre d’amis et de followers. L’important est de trouver un moyen de partager ton art.

Et maintenant un reportage spécial de l’au-delà des médias sociaux! Comment c’est quand on n’est pas sur Facebook et Instagram.

Les artistes dans cette vidéo rapportent toutes de bons résultats pour leur créativité ainsi que pour leur business, mais ça ne sert à rien de nier les difficultés quand on quitte. Surtout parce que, comme le souligne Julia Bausenhardt, beaucoup de gens ont peur de quitter. En en parlant on essaie de rendre le processus moins effrayant.

Quand tu supprimes le Zuckervers, le problème principal est que tu seras parfois hors de la conversation—pas invité—parce qu’il y aura des événements qui se produisent seulement sur Facebook et Instagram live. Anne de My Giant Strawberry parle au nom de beaucoup d’entre nous lorsqu’elle recadre la situation comme une raison de rester concentrée sur son art.

Un autre problème c’est que certaines personnes dans ton public auront peut-être des réactions bizarres à ton choix. Par exemple, lorsque Kelsey Rodriguez a annoncé qu’elle se retirait d’Instagram pour se concentrer sur YouTube, l’un des membres de son public a laissé entendre que le passage à une plateforme plus monétisable signifiait que Kelsey n’appréciait pas l’art pour lui-même. Je sais que cela ne devrait pas me surprendre—après tout, combien de fois est-ce qu’on m’a traité de “vendue” dans mes deux décennies que j’ai gagné ma vie avec mon art? Ceci dit, je suis quand même déçue pour Kelsey.

Pour ma part, je n’est pas eu de commentaires de ce genre, mais il y avait quelques personnes qui croyaient que parce que je quittais Facebook, ça voulait dire que j’abandonnais ma carrière d’artiste, carrément! Et il y avait une personne en particulier qui m’a fait “ouais mais ton Insta (ton Instagram) c’est tellement beau!” J’étais obligée de lui dire: “Non, c’est pas mon Instagram, c’est mon art. Et le fait que tu confonds les deux, c’est pour ça que je dois quitter Instagram.”

Au-delà de ces conséquences plus colorées de supprimer le Zuckervers, il y a aussi bien sûr des choses plus difficiles. Comme par exemple Jen McClearly décrit que, sachant qu’il n’y avait plus cet endroit où elle pouvait allait pour publier son art et avoir une validation immédiate, parfois elle avait du mal à finir ses œuvres.

Pour moi, ce n’était pas que je n’arrivais plus à terminer mon art, mais j’ai quand même fait une petite depression de quelques mois. Quand on y réfléchit, il y un logique, et c’est que pendant douze ans sur Facebook et pendant quatre ans sur Instagram j’y allais quotidiennement pour recevoir des commentaires et des “likes.” Donc il y aura bien sûr un effet sur mon état mental en supprimant tout ça de mon quotidien.

Mais au final, j’ai l’impression de m’être offert le meilleur cadeau du monde, et c’est d’être un “public d’une personne” pour mes amis, mes collègues. Parce que, je sais que c’est difficile à imaginer quand on est sur les réseaux sociaux, mais recevoir des infos de la part des autres mais pas directement—c’est un porte-voix. Tu reçois comme ça, comme tous les autres. C’est pas très satisfaisant. C’est bizarre mais ce n’est pas la même quand quelqu’un te le dis directement.

Et pareil pour les conversations dans les commentaires qu’on fait sur les réseaux. Tu parles avec une personne, mais ça n’a pas le même effet parce qu’il y a tout un public pour l’échange, parce que c’est sur les réseaux. Et je crois qu’avoir des échanges où tu es le “public d’une personne” et que l’autre personne est ton “public d’une personne,” il y a quelque chose de très important là dedans, très humain. Et ça manque vraiment sur les réseaux.

Redevenir ce “public d’une personne” pour plusieurs personnes dans ta vie ce n’est qu’une partie d’un changement plus profond qui se passe quand on supprime le Zuckervers. Je pense que Kristen Sampson l’a bien dit avec son conseil aux futurs quitteuses et quitteurs: “sois patient.”

Kristen a tout à fait raison. Les résultats instantanés sont rares dans la vraie vie. Je voudrais juste ajouter une toute petite chose, et c’est que les résultats prennent peut-être plus longtemps dans la vraie vie, mais ils durent aussi plus longtemps ou du moins ils sont plus significatifs. Ils valent plus.

Cette vidéo existe grâce à l’encouragement et aux micro-dons de ma communauté!


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