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17 mars 2025

[transcription]

Cette vidéo est inspirée de l’essai de Kat Gupta “Le Moi Que Je Suis Lorsque Je Ne Suis Pas Moi” dans le livre anglophone Non-Binary Lives. L’auteur y écrit:

“Que signifie ‘se faire passer’? ‘Se faire passer’ place le fardeau de l’intelligibilité sur la personne qui cherche à ‘se faire passer’: si nous ne sommes pas interprétés correctement, c’est parce que nous n’avons pas réussi à rendre notre signification claire. Je rejette cette idée. Je rejette l’idée qu’il existe une signification que nous pouvons donner à notre corps. Je rejette l’idée que nous ayons un tel degré de contrôle sur la façon dont les gens nous interprètent. Je rejette l’idée selon laquelle le fait de ne pas être lu, de ne pas être vu, est de notre faute. Au contraire, tout ce que nous pouvons offrir, c’est nous-mêmes. Nous pouvons guider une interprétation, mais nous ne pouvons pas la contrôler. Mes autres moi—les moi que les gens voient en moi mais que je ne suis pas—le disent d’une seule voix.”

Pour en savoir plus sur la façon dont les animaux non humains ne s’intègrent pas parfaitement dans les idées traditionnelles du genre, regarde mon livre illustré le Crime Contre Nature, que tu peux télécharger gratuitement.

L’œuvre originale Protecteur(ette) est en vente au prix de $3600, plus les frais d’expédition (et les taxes si t’habites dans le New Jersey)—contacte-moi si tu veux l’acheter. Il y a des impressions et d’autres jolies choses avec l’image ici dans ma boutique.

une lionne avec une crinière, peinture de l’artiste queer Gwenn Seemel
Gwenn Seemel
Protecteur(ette)
2025
acrylique sur toile
91 x 91 centimètres
TRANSCRIPTION

Tu vois un lion avec une crinière, et tu penses: ce chat a un pénis. Ou disons que tu ne le formule peut-être pas exactement en ces termes, mais l’association entre la crinière et le mâle est forte.

Dans de nombreuses cultures humaines, le lien entre les poils du corps et le mâle est tout aussi fort. Il en va de même pour les têtes chauves, les corps grands ou gros, et les vêtements qui ne sont pas moulants ou particulièrement colorés. Il y a certaines choses qui sont perçues comme masculines par beaucoup d’humains.

Mais rien de tout cela n’est entièrement fixe. Tout est sujet à débat. Même la crinière.

Ce que je veux dire, c’est que certaines lionnes ont une crinière. Nous ne pouvons pas savoir comment ces animaux se perçoivent, mais ce que nous pouvons dire avec certitude, c’est qu’elles ont à la fois une crinière et des ovaires. Elles rugissent et montent d’autres femelles tout en s’accouplant avec des mâles. Nous n’avons pleinement confirmé l’existence des lionnes à crinière que récemment, mais elles ont probablement toujours été là, cachées par les suppositions des scientifiques selon lesquelles une crinière signifie qu’il doit également y avoir un pénis. C’est pareil pour beaucoup d’espèces. L’attachement des scientifiques à l’idée d’une binaire de genre sans ambiguïté peut les empêcher de voir ce qui se trouve juste devant eux.

Et cela peut rendre difficile pour nous tous de voir la lionne à crinière comme le lion qu’elle est.

Autrement dit, notre langage est rempli de binaire. Lion contre lionne: ce sont tous deux de gros chats sauvages, mais nous ajoutons un N et un E à l’un pour les distinguer. En anglais, homme contre femme donne “man” et “woman,” où le mot pour femme a un W et un O ajoutés pour faire la distinction, même si les deux mots parlent d’êtres humains. Et si notre défaut était d’appeler une personne une personne et de ne faire de commentaires supplémentaires sur son genre qu’une fois que nous comprenons ses expériences?

Toute ma vie, on m’a dit que je ne représentais pas correctement mon genre. Quand on m’appelait exclusivement “elle” et que je me désignais comme une femme, on me disait tout le temps que je n’étais pas assez féminine. Où était mon maquillage? Pourquoi ne prenais-je pas moins de place? Et, bon sang, ne pourrais-je pas marcher d’une manière plus féminine?

Maintenant que j’utilise “iel” aussi bien que “elle,” on me demande pourquoi je ne ressemble pas davantage à un “iel.” Pourquoi est-ce que je ne porte pas tout le temps des vêtements androgynes? Ne devrais-je pas au moins garder les cheveux courts?

La réponse est simple: parce que, avec ou sans crinière, les lionnes sont toujours des lions et, plus important encore, les lions sont des lionnes.


Peut-être que ce billet de blog te fait penser à quelque chose? Je serais ravie de recevoir un petit bonjour de ta part.

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