Blog / 2023 / Erreur n°7: Ne Pas Réaliser Que les Gens Veulent Que Je Réussisse

Cette année, je fête mes vingt ans en tant qu’artiste professionnel avec une série de blogs à propos de mes erreurs du quotidien, car, si je devais choisir une raison pour laquelle je fais encore de l’art après tout ce temps, c’est que j’ai refusé de laisser ces petits faux pas me décourager.

Aujourd’hui, je parle de la façon dont les artistes supposent souvent que les autres veulent les voir échouer, même si le contraire est vrai.

Oui, même le parent qui te dit toujours de ne pas viser trop haut et l’ami qui a parfois des remarques mordants sur tes choix artistiques: ils veulent tous te voir réussir! Leur négativité peut te convaincre qu’ils veulent que tu fasses un flop, mais si tu creuses un peu, tu verras que leur pessimisme a plus à voir avec eux qu’avec toi. Le parent essaie de t’armer pour le rejet auquel tu seras sans doute confronté et, de cette manière, se protège d’avoir à te voir blessé. Et l’ami, quand à lui, exprime presque certainement un peu de jalousie, souhaitant qu’il trouvera un jour le courage de faire comme toi. En fin de compte, ils préfèrent te voir réussir. Autant que je sache, à peu près tout le monde le préfère!

Ainsi, au lieu de se concentrer sur le fait que les gens ratent parfois tes événements ou n’achètent pas ton art—sur le fait qu’ils ouvrent rarement tes mises à jour mensuelles ou ne commentent jamais sur tes publications sur Instagram—il est temps de penser à toutes les façons dont les gens sont là pour toi.

Dans mon cas, cela m’amène à penser à Bill.

Nous nous sommes rencontrés en 2004 alors que j’interviewais des sujets pour la série de portraits de fonctionnaires que j’allais peindre. À l’époque, Bill était Ministre de l’État de l’Oregon et j’étais un bébé artiste, n’ayant qu’un an et demi d’expérience professionnelle. J’avais déjà fait beaucoup d’entrevues avec des personnes que je trouvais intimidantes pour une multitude de raisons, et, avant de rencontrer Bill, je m’attendais à la même chose, mais il m’a surprise. Quand j’ai demandé au Ministre d’État de se décrire, il m’a dit qu’il était “amusant à 97%” et j’ai vite découvert qu’il le sous-estimait un peu.

Au fil des ans, Bill a soutenu mon art de différentes manières, notamment en rejoignant mon club pour collectionneurs d’autocollants et en m’envoyant parfois des photos de l’endroit où un autocollant en particulier s’est retrouvé collé.

Mais peut-être que le meilleur encouragement qu’il m’ait jamais donné a été de me valider lors de ce talk. Je l’avais promu comme la chose la plus effrayante que j’ai jamais faite en tant qu’artiste, en partie pour piquer l’intérêt de mon public, bien sûr, mais surtout parce que je n’avais jamais parlé de mon identité queer dans une situation live devant des gens que je ne connaissais pas forcément. L’idée que j’allais peut-être devoir répondre sur-le-champ à une question agressive sur cette partie délicate de moi-même m’inquiétait beaucoup.

Bill a assisté virtuellement à la conférence et, lorsqu’elle s’est ouverte aux questions du public, il a insisté pour expliquer longuement à quel point je suis artiste incroyable. M’encourager publiquement alors qu’il savait que je me sentais très vulnérable: un vrai cadeau.

Bill est décédé en avril. Je ne le connaissais pas bien, mais il comptait pour moi. Il a facilité ma vie d’artiste de manière modeste mais importante. Il m’a rappelé que des personnes que je connais peut-être à peine peuvent m’aider, et peut-être même d’une manière que je ne verrais jamais, mais que je dois certainement faire l’effort de reconnaître.

Parce que, même si on ne me convaincra jamais que cultiver “une mentalité de succès” est utile, je sais que garder la gratitude au premier plan est essentiel pour réussir en tant qu’artiste.