Blog / 2024 / Erreur n°17: M’attendre à Ce Que Ma Créativité Soit Linéaire

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C’est une erreur que je fais tout le temps: je commence une peinture avec une idée assez claire de ce que je veux faire avec l’image, puis je fais faux pas après faux pas pendant des mois pour essayer de créer une composition qui marche.

Dans ce cas, au début, je me souviens du soin avec lequel j’ajoutais les premières couches. Une peinture représentant une éruption volcanique devait être lumineuse et je devais donc m’assurer de ne pas trop travailler la lave. Mais à un moment donné, j’ai dû admettre que je n’aimais l’image. L’idée était géniale: une représentation de la façon dont mon cœur éprouve parfois de grands sentiments—et en particulier une grande colère. Mais l’image elle-même ne marchait pas.

J’ai pensé que peut-être je devais ajouter des créatures, mais—euh—non. Tout ce que je peut dire est “no!” Et si tu me demandais maintenant ce que je croyais que cela signifiait, je ne pourrais pas te le dire.

Puis je me suis souvenue d’une conférence que j’avais donnée à Montréal avant la pandémie. Je parlais du droit d’auteur et de la manière dont on ne passe pas de croire au droit d’auteur à le questionneur, comme un interrupteur, allumé ou éteint. Cela ressemble plus à un gradateur, avec lequel tu ajustes tes sentiments à mesure que tu obtiens plus d’infos. Et ce n’est pas seulement ton gradateur qui compte, en termes de changement de culture autour du droit d’auteur: c’est ce que les gradateurs de tout le monde font ensemble.

Tout ça pour dire que j’ai commencé à réfléchir à l’interrupteur et à la rapidité avec laquelle mes grandes émotions s’illuminent et j’ai décidé de l’ajouter à la composition, mais même avec ça la composition avait toujours des problèmes. J’ai décidé de retravailler l’image pour en faire une page de cahier de coloriage—et je veux dire vraiment retravailler. J’ai dessiné et redessiné l’explosion de lave jusqu’à ce que le papier soit usé. Ensuite, j’ai réalisé le dessin à l’encre à partir de ce croquis et je l’ai numérisé. J’allais devoir faire ça de toute façon, puisque le cœur-volcan fait partie de ma série sur la santé mentale que je transforme en cahier de coloriage.

Mais ce que je recherchais vraiment, c’était une version de l’image que je pouvais colorier numériquement. Je voulais essayer de différentes options avant de revenir à la peinture. Quand j’ai finalement recommencé à peindre, je travaillais avec beaucoup plus d’assurance, mais l’image n’était en aucun cas “résolue.”

Parce que c’est ça le problème de ma créativité: elle n’est pas linéaire.

Dans le reste de ma vie, il y a des moments où je peux sentir que j’ai le contrôle—ou du moins où je peux anticiper un résultat. Comme lorsque je prépare ma tarte végétalienne au tofu et à l’estragon, et je sais avec certitude qu’elle va être délicieuse. Dans mon atelier, l’illusion de contrôle s’estompe et je suis obligée de me confronter au caractère aléatoire de notre monde.

Cela peut être frustrant, mais l’imprévisibilité de la créativité fait aussi partie du charme de la vie de l’artiste. L’idée de créer quelque chose qui n’a jamais été réalisé auparavant, quelque chose qui n’existerait pas si je ne demandais pas à mon cerveau et à mes mains d’être créatifs. C’est passionnant.