Blog / 2025 / Le Web 3.0 Est le Contenu Généré par l’IA.

Depuis des années, nous vivons avec une version de l’internet appelée Web 2.0. Cela a commencé au milieu des années 2000 avec l’arrivée du contenu généré par les utilisateurs.

Au début, ce terme désignait principalement les commentaires sur les blogs, c’est-à-dire le texte qu’un lecteur de blog insère sur le site d’un blogueur. Mais aujourd’hui, avec la multiplication des utilisateurs sur les réseaux sociaux, le contenu généré par les utilisateurs désigne principalement toutes les publications sur Tikfacegram, car elles viennent des utilisateurs partageant sur des sites (ou des applications) qui appartiennent aux entreprises.

Il y a une dizaine d’années, certains acteurs du secteur technologique ont commencé à affirmer que nous entrions dans une troisième itération de l’internet. L’histoire raconte que le Web 1.0 était l’ère du contenu créé par les propriétaires de sites, les individus ou les entreprises produisant tout ce qui apparaissait sur leur propre site, tandis que le Web 2.0 était principalement défini par le contenu créé par les utilisateurs. Mais la troisième version de l’internet était censée être quelque chose de totalement nouveau. Ils l’ont baptisé web3 (au lieu de Web 3.0) et affirment qu’il est basé sur la blockchain, la technologie à l’origine des cryptomonnaies et des NFTs.

Les fans de la blockchain ont commencé à parler de leur concept web3 en 2014, mais le buzz autour de celui-ci a vraiment pris de l’ampleur en 2021 avec les NFTs. C’est à cette époque que j’ai réalisé cette vidéo très sérieuse expliquant le désir de l’industrie des cryptomonnaies d’imposer sa vision de l’internet à tous. Quatre ans plus tard—soit onze ans après les premiers échos—web3 ne s’est toujours pas concrétisé.

Au lieu de cela, je déclare que nous sommes désormais dans le Web 3.0, et que nous sommes à l’ère du contenu généré par l’IA.*

“Slop” est le terme officiel. Depuis 2022, il a proliféré de manière exponentielle, avec des profils de médias sociaux entièrement constitués de vidéos générées par l’IA enregistrant un nombre impressionnant de vues et de la musique générée par l’IA en tête des services de streaming audio.

Pour autant que je sache, le web IA n’est guère meilleur que le web blockchain. Il s’agit toujours d’une version de l’internet où ceux qui ont déjà beaucoup d’argent en rapporte plus, tout en rendant la survie plus difficile pour le reste. De plus, c’est une itération du World Wide Web où notre technologie détruit la planète, car l’IA et la blockchain consomment toutes deux des quantités astronomiques d’électricité pour fonctionner.

En fait, je dirais même que le Web 3.0 est pire que le web3. Contrairement à la blockchain, les gens comprennent le contenu généré par l’IA—non pas la technologie qui la sous-tend, mais son concept.

Là où la blockchain a tendance à donner l’impression qu’on est censé s’intéresser à des choses sérieuses comme l’investissement, le contenu généré par l’IA est souvent amusant, ce qui le rend facile à aimer.

Et l’amour, c’est l’essence même de l’internet. C’est vrai! Le web repose sur l’idée que nous connecter les uns aux autres à travers le monde est bénéfique. Et cela signifie que le problème est toujours le même. Comment instaurer la confiance quand on ne sait pas qui est à l’autre bout du lien?

Dans les salles de discussion des débuts du web, on plaisantait sur le fait qu’un chien pouvait se faire passer pour une personne, et cette inquiétude persiste sur les forums d’aujourd’hui. Plus tard, l’appréhension s’est quelque peu accrue, certains craignant que des humains sur internet se fassent passer pour des experts sur des sujets qu’ils ne comprennent pas assez bien. Pourtant, lorsqu’on prend un instant pour réfléchir à ces scénarios, il apparaît clairement qu’ils existaient déjà bien avant l’avènement de l’internet.

La confiance est une question fondamentale pour nous, et nous ne pouvons pas la régler à la va-vite. Elle se construit lentement, et, quoi que les milliardaires tentent de nous vendre, aucune technologie ne peut modifier ce processus pour automatiser la confiance.

En résumé, la blockchain ne rend personne plus fiable: elle démontre seulement qu’on a les moyens d’acheter un certificat de fiabilité. Et l’IA, pour sa part, pourrait tout aussi bien s’appeler le Dieu des Problèmes de Confiance. Par exemple: puis-je croire en l’authenticité d’une vidéo de Trump en train d’embrasser Poutine?** Mais aussi: puis-je avoir confiance que les milliardaires de l’IA rémunéront un jour tous les artistes qu’ils ont volés pour former leur technologie? Et la question qui cuit mes patates: au nom des frites et tous délices faites de pommes de terre, pourquoi quelqu’un ferait-il confiance à l’IA alors qu’elle a démontré à maintes reprises qu’elle ment?

Même dans mes meilleurs jours, je ne peux pas prétendre comprendre pourquoi les humains font ce qu’ils font, et je ne suis certainement pas clairvoyante. Je suis un artiste visuel qui, depuis quelques décennies, s’intéresse particulièrement à la technologie et à la façon dont elle est utilisée pour limiter la capacité d’expression des artistes. Je ne peux donc pas prédire où le web de l’IA nous mènera.

Ce dont je suis sûre, c’est qu’avec l’abondance de contenu généré par l’IA qui submerge tes flux et tes recherches sur le Web 3.0, il est plus important que jamais de dire NON aux entreprises qui veulent contrôler ta confiance.

Examine la possibilité de t’éloigner des réseaux sociaux, et essaie de découvrir de nouveaux artistes ou de trouver des opportunités artistiques autrement. Libère-toi autant que possible de la tyrannie des algorithmes, ou du moins fais un effort pour reconnaître les situations où t’es manipulé. Repense également au droit d’auteur et à son impact sur la créativité.

Et surtout, si tu connais un artiste humain et t’apprécies son art, trouve un moyen de soutenir sa créativité.