Blog / 2024 / Erreur n°14: Croire à la Grande Chance

16 janvier 2024

Au printemps dernier, j’ai célébré mon vingtième artiversaire et, pour marquer ce moment, je blogue à propos des erreurs du quotidien, comme chercher trop à plair aux autres ou publier de l’art qui n’est pas mon meilleur.

Aujourd’hui, je parle de l’idée de la grande chance et du fait qu’on peut facilement se laisser hypnotiser par ses fausses promesses. J’en ai déjà parlé sur mon blog, mais aujourd’hui, je souhaite partager une nouvelle perspective sur le problème.

Ma première rencontre avec le mythe de la grande chance en tant que professionnel a eu lieu lors d’une conversation que j’ai eue à 24 ans, lorsqu’un ami m’a dit que je travaillais trop. Leur argument: si j’étais vraiment censée être artiste, l’univers me le ferait savoir en me léguant de grandes chances à gogo.

À l’époque, j’en avais conclu que mon ami manquait d’imagination pour se laisser entraîner par une version hollywoodienne du succès artistique. Mais leurs paroles me hantaient et m’empêchaient parfois de voir toutes les chances que j’obtenais.

artiste à sa première expo
photo par Annie Seemel

Parce que j’avais peut-être 24 ans et j’avais peut-être à peine économisé assez d’argent pour quitter la maison de mes parents, mais j’avais déjà participé à une émission de radio artistique locale qui avait beaucoup de cachet. C’est-à-dire que j’avais déjà eu une chance peut-être pas grande, mais pas trop petite non plus. Et cela n’est arrivé que parce que je n’ai pas simplement créé une collection d’œuvres et fait une expo en pensant que cela ferait parler les gens. J’ai travaillé “trop” et j’ai envoyé des communiqués de presse, car je savais que “la roue qui grince reçoit la graisse.”

C’est le proverbe américain préféré de ma mère, remarquable dans une maison remplie de dictons français comme “occupe-toi de tes oignons” et “j’ai d’autres chats à fouetter.” Elle m’a encouragé à grincer comme mode de vie, et cela s’est avéré être une attitude très utile lorsque je me suis lancée dans le monde de l’art. Si j’avais été plus consciente de moi-même à l’époque, j’aurais peut-être dit à mon ami que ma première chance était avec la mère que j’avais.

article sur un commissaire municipal peu éthique qui entraîne un artiste dans son désordre
article pour The Oregonian

Quelques années plus tard, une autre opportunité importante s’est présentée: mon art a été impliqué dans un scandale politique à Portland, dans l’Oregon.

En 2005, j’avais peint un certain nombre de fonctionnaires locaux et, en 2008, j’ai participé à une expo à l’hôtel de ville, où j’ai pensé que ce serait amusant d’accrocher certaines de ces œuvres. Lors de cette expo, l’un des bureaux des commissaires municipaux m’a contacté pour acheter son portrait, me suggérant que le prix devrait être de $750 au lieu des $1000 que je demandais. Je n’étais pas ravie de cette négociation, mais j’ai accepté l’offre. Lorsque j’ai reçu le chèque quelques temps plus tard, j’ai été surprise de constater qu’il ne provenait pas du compte privé du commissaire mais de son fonds de campagne. Ayant besoin de l’argent pour le loyer, je ne me sentais pas autorisé à grincer comme ma Maman m’avais appris à faire. J’ai choisis d’encaisser le chèque et de supposer que le commissaire savait ce qu’il faisait.

Quelques mois plus tard, les journaux ont commencé à en parler, y compris l’article montré ci-dessus. La presse s’est concentrée sur l’éthique douteuse du commissaire, mais elle s’est aussi un peu penchée sur la question “l’art n’est-il pas la chose la plus ridicule pour laquelle dépenser de l’argent?” Et ce choix de traiter l’art avec mépris a permis au Commissaire Louche de dire des choses assez grossières à propos de ma peinture.

Randy Leonard portrait peint en acrylique
Gwenn Seemel
Randy Leonard (Commissaire de la Ville de Portland)
2005
acrylique sur toile
61 x 46 centimètres

Ce qui m’amène à la grande chance de tout cela: dans ce cas, l’opportunité ne résidait pas dans la presse elle-même. C’est plutôt l’exposition relativement contrôlée à la mauvaise presse qui s’est avérée importante, car elle m’a permise d’apprendre comment réagir lorsque je n’étais pas la principale cible de la colère du public. Des années plus tard, lorsque ma propre éthique a été remise en question dans Newsweek et que j’ai dû trouver comment surmonter une atteinte à ma réputation artistique, j’ai été reconnaissante d’avoir fait un essai.

Bien sûr, je n’aurais pas pu savoir tout cela en 2008.

Voici le problème des véritables grandes chances. Ce ne sont généralement pas les accomplissements que t’inclus dans ton dossier de presse, car ils ne s’agissent pas d’une expo dans une galerie à la mode ou d’un article sur un site populaire.

Ce sont des opportunités que tu ne reconnais peut-être même pas sur le moment: la chance de ta naissance et l’identité de tes parents ou l’expérience désagréable qui te prépare à une expérience positivement cauchemardesque plus tard.

Les grandes chances ne viennent pas d’un univers décidé à faire de toi une star: elles viennent du hasard et, plus important encore, d’un effort concerté pour remarquer toute la chance que tu as réellement.


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