Blog / 2023 / Erreur n°10: Ne Pas Demander Assez d’Aide

En mai, ma carrière artistique a fêté ses vingt ans. Pour célébrer cet artiversaire important, je parle de certaines de mes erreurs les plus banales, comme ne pas réaliser que les gens veulent que je réussisse. Parce que si je devais citer une raison principale pour laquelle je continue à créer après tout ce temps, c’est que j’ai refusé de laisser ces échecs quotidiens me vaincre.

Aujourd’hui, je parle de ne pas demander assez d’aide.

Partout dans le monde, toutes les personnes que je n’ai jamais connus et presque tous les personnages en livres et films commettent cette erreur. C’est un problème comiquement courant et tragiquement stupide si l’on considère le plaisir que la plupart d’entre nous prennent à donner un coup de main aux autres.

La première fois que j’ai consciemment choisi de ne pas demander d’aide, j’avais douze ans et un autre enfant m’harcelait quotidiennement à l’école. Au lieu de raconter à un adulte ce qui se passait, j’ai fait semblant d’être malade pour pouvoir rester à la maison. Heureusement, ma mère a reconnu que son enfant qui aimait tant l’école mentait. Et lorsque l’administration a refusé de faire quoi que ce soit pour résoudre le problème, ma chance a tenu et mes parents ont choisi de m’enseigner à la maison pendant un an.

Plus tard, au lycée et puis à la fac, je n’ai rien appris sur comment demander de l’aide, et, au moment où je commençais ma carrière artistique, j’étais dans un profond déni de ma dépendance aux autres. Je voyais bien que ma famille et mes amis m’invitaient beaucoup à dîner et me renvoyaient toujours chez moi avec les restes. De plus, j’ai dû soudainement tondre la pelouse de mes parents et accepter d’être payé pour le faire. Mais je m’accrochais quand même à l’idée que je gagnais ma vie grâce à ma détermination seule. Quelque part dans l’arrière plan de mes pensées, je me souviens avoir ressenti une profonde gratitude envers mes proches qui ont remarqué que j’avais des difficultés, particulièrement parce que le résultat était que je n’avais pas à l’exprimer avec des mots—ni même à l’admettre vraiment.

Ce n’est que lorsque je me suis retrouvée sur la table d’opération à 28 ans avec un tout nouveau diagnostic d’endométriose que mon comportement a finalement changé. Fraîchement recousue et pleine de médicaments qui ne faisaient pas ce qu’ils étaient censés faire, mes difficultés se sont accumulées, m’écrasant à plusieurs reprises comme des enclumes de dessins animés. Entre les énormes factures d’hôpital et les problèmes physiques qui m’ont tourmenté pendant des années, mon récit d’autosuffisance n’allait pas survivre.

C’est étrange à dire, mais c’est à ce moment-là que je suis devenu moi-même, car c’est à ce moment-là que je suis devenu le “moi” qui peut demander de l’aide.

En peu de temps, j’ai demandé un certain nombre de subventions d’aide d’urgence pour les artistes et j’ai eu la chance d’en recevoir quelques-unes. Et, après une première période pendant laquelle je ne voulait que personne sache que j’étais malade, j’ai abandonné ma honte pour tout savoir sur l’endométriose. Je n’aurais pas pu demander de l’aide à l’univers plus vigoureusement si j’avais acheté des panneaux d’affichage pour diffuser toutes mes questions. La myriade de traitements que j’ai essayés provenaient des histoires et de la sagesse que d’autres patients ont gracieusement partagées.

D’une certaine manière, je pense qu’il est plus facile pour les artistes d’admettre qu’ils ont besoin d’aide—plus facile, du moins, que pour les personnes qui ont d’autres types d’emplois. Après tout, les artistes peuvent travailler à plein temps seulement s’ils reconnaissent qu’ils peuvent créer de l’art que si d’autres veulent les rémunérer pour leur travail. Et cela se produit uniquement de ces deux manières:

1. Des individus donnent de l’argent en échange d’une œuvre d’art, d’une impression, ou d’un autre produit artistique.
2. Une communauté de personnes se rassemblent pour donner de l’argent à un artiste, par le biais de subventions, de commandes d’art public, ou même de microdons effectués sur des sites comme Kickstarter.

En d’autres termes, contrairement à d’autres emplois où impressionner un ou deux superviseurs peut faire toute la différence, la seule façon pour un artiste à temps plein de continuer à faire de l’art est de trouver des moyens de créer des liens avec toutes les personnes qui paient pour son art. Et tandis que dans d’autres secteurs, tu peux potentiellement trouver un autre emploi si tu ne parviens pas à t’adapter à une culture de travail particulière, les artistes ne peuvent pas simplement aller vivre dans un autre monde.

Si nous voulons gagner notre vie avec notre art, nous devons être reconnaissants chaque jour envers les personnes qui remarquent que nous avons besoin d’une invitation à dîner, et parfois nous devons demander à être invités.

C’est ce que je fais maintenant, avec mon Kickstarter pour transformer ma série de peintures, Tout Va Bien, en cahier de coloriage et programme d’étude. Je demande de l’aide.

Kickstarter en français

Kickstarter

À ce stade, quatorze ans depuis ma première séance sur la table d’opération et après vingt ans d’activité d’artiste à plein temps, je ne me fais aucune illusion quant à savoir si je peux ou non faire de l’art sans l’aide des autres. Mais, demander de l’argent est toujours difficile. Je me sens un peu comme l’oiseau dans ce tableau, chantant une étrange version de moi-même et ne communiquant jamais pleinement tout ce que je veux dire.

Je déteste l’idée qu’au cours de la campagne Kickstarter, mes demandes d’aide répétées puissent mettre certaines personnes mal à l’aise, mais j’essaie de me rappeler qu’il m’est impossible de gérer les sentiments des autres. Je ne peux forcer personne à contribuer—et je ne voudrais pas—mais je peux m’assurer que tous ceux qui souhaitent participer aient la chance de le faire. Et cela veut dire demander de l’aide. Et puis demander à nouveau. Et encore.

Cet oiseau ainsi que le reste des peintures de Tout Va Bien sont à la bibliothèque publique de Princeton jusqu’au 15 octobre.

Princeton Public Library
65 Witherspoon
Princeton, NJ 08542
USA

Ouvert: jusqu’au 15 octobre
Heures: tous les jours, visitez le site

Atelier pour ados
Samedi 30 septembre de 15h à 16h30
S’inscrire ici!

L’œuvre originale est à vendre au prix de $800 plus frais d’expédition—envoie-moi un message si tu souhaites acheter le tableau. Pour des impressions et de jolies choses avec cette image, regarde ici dans ma boutique sur Redbubble.